Si j’ai choisi ce titre pour la newsletter de ce mois-ci, c’est non pas pour parler de la campagne de François Hollande de 2012, mais bien pour parler de nos capacités à changer.
Et ces derniers temps, nous avons vécu beaucoup de changements, ne serait-ce qu’avec la pandémie.
Le changement peut prendre beaucoup de formes. Ce peut être un changement de travail, l’arrivée d’un enfant, un déménagement, une séparation, etc. Autant de moments de vie pouvant être considérés comme des facteurs de stress.
Pourtant, un changement n’est ni négatif, ni positif en soit. Il est neutre. C’est le regard qu’on y porte, l’interprétation, qui juge d’un caractère positif ou négatif.
Ce changement peut être confortable, ou bien inconfortable, ce n’est pas voué à durer pour l’éternité ! C’est une transition.
Si l’on regarde la nature, tout est en constant changement. Les cycles des saisons, le cours d’eau que vous observez sont en mouvement. Il en est de même pour nous, de passage sur cette petite planète bleue. Notre corps change, nos pensées, nos valeurs évoluent avec le temps, etc. Le changement fait partie de la vie, et pourtant, souvent, on y résiste.
Ce n’est donc pas le changement qui est difficile à vivre, ce sont nos résistances au changement. Et même… lorsqu’on veut du changement !
Pourquoi on ne change pas ?
On a tous entendu ce genre de phrases :
"Tu dois te reprendre en main !"
"Pourquoi tu n’essaies pas ça ? ça a fonctionné pour Moi et pour Machine."
A la base, ce sont de bonnes intentions. Notre entourage souhaite le plus souvent notre bonheur, que nous allions mieux.
On a beau savoir qu’il faut se reprendre en main, qu’on peut essayer ceci et cela, pourtant on ne change pas forcément.
D’abord parce que entre le savoir et le vivre, il y a une sacrée différence.
Voilà une des limites de la psychothérapie. Prendre conscience, mentaliser, comprendre pourquoi… C’est super, je ne dis pas le contraire ! (J’aime mon métier !) … et après ? Qu’est-ce qu’on en fait ? Une majeure partie de la psychothérapie se déroule dans le quotidien, pas chez le psy. Le changement se vit avec l’action, avec le corps, les ressentis, les comportements mis en place, et non pas uniquement les pensées.
Ensuite, parce que si on reste dans une situation, même désagréable… et bien ce n’est pas pour rien !
On a tous une bonne raison, de rester dans une situation désagréable, de conserver un symptôme pénible, de maintenir une relation qui se révèle complexe voire malsaine, de ressasser notre passé, de se victimiser, d’alimenter une émotion comme la colère, de continuer à faire quelque chose qui nous coute de l’énergie… Oui, tous.
C’est le principe d’écologie en Programmation Neuro-Linguistique. L’écologie maintient un certain équilibre dans notre vie.
Ainsi, on peut vivre une situation pénible, malgré tout a des avantages qui nous amènent à y rester. On trouve un équilibre entre les avantages et les inconvénients.
Je vous donne un exemple personnel d’actualité qui me pose problème :
Lorsque j’animais des ateliers thérapeutiques en clinique, je râlais car j’en animais beaucoup, jusqu’à 17 par semaine. Je répétais chaque semaine les mêmes informations.
Maintenant que j’exerce en libéral, et seule de surcroit, cette approche collective de la thérapie me manque. J’ai envie d’animer des ateliers en petits groupes au sein de mon cabinet libéral afin de partager des informations et des outils thérapeutiques.
On pourrait dire « bah y a plus qu’à s’y remettre cocotte ! ». Ma réponse : « oui, mais… » entre la situation actuelle et ce que je veux vraiment, j’ai trouvé du confort dans mon problème : je procrastine ! Typique !
Il est évident que je veux vivre tous les avantages à animer des ateliers thérapeutiques et sortir de la procrastination. Il est plus délicat de regarder pourquoi j’ai des avantages à procrastiner et les obstacles/inconvénients que j’évite… alors qu’ils sont probablement essentiels à la concrétisation du projet.
Consciemment et parfois inconsciemment, nous maintenons une zone de confort, une sorte de bulle de protection. On appelle cela une fonction positive (ou encore un bénéfice secondaire, un avantage masqué) dans le sens où l’inconscient tente de maintenir des avantages et un équilibre coûte que coûte !
Alors, maintenant qu’on s’avoue un peu plus le pourquoi du comment (oui, ça peut piquer !), lorsqu’on met le doit sur la fonction positive de ce qui nous déplait, cette zone de confort, il s’agit soit de l’abandonner, soit de la remplacer, soit de la faire évoluer !
Subir ou accueillir le changement ?
"Il faut que tu oublies, il faut que tu avances !"
"Tu devrais lâcher prise …"
"Oui mais alors, quand ça nous tombe dessus alors qu’on a rien demandé, on fait quoi ?"
"Lorsqu’on ne peut pas contrôler la situation, que reste-t-il ?"
Si le changement peut être inconfortable, remuer nos insécurités, nous faire voir les choses de façon plus négatives, ce n’est pas pour autant que l’on doit en devenir victime. Même si ça ne se déroule pas comme on le souhaite, nous n’avons pas à subir notre vie en restant focalisé sur un idéal (le nôtre, ou celui véhiculé par la société). Dans l’idéal, je vous aurais envoyé cette newsletter le 29 juillet et j’aurais commencé à animer des ateliers au mois de juin...
Le changement peut se présenter comme une occasion de lâcher un ancien fonctionnement psychique, d’évoluer, et même de trouver des capacités de résilience (cf. Métaphore du Kintsugi). Depuis notre naissance, nous en avons eu une multitude d’occasions. On peut se surprendre à regarder son passé et observer comment nos souffrances nous ont aussi aidées à évoluer.
Le changement est là, imprévisible, pas le choix. Ce ne sera pas comme avant. Il s’agit alors de réaliser un deuil du passé.
Lorsqu’on vit un processus de deuil, on peut connaitre des émotions et sentiments variés : le choc, le déni, la colère, la culpabilité, la tristesse, etc. Car lorsqu’on subit le changement, on vit une perte de ce qui a été, et tous ces ressentis sont acceptables. Résister au changement amène parfois à faire perdurer ces émotions désagréables.
Si on n’est pas toujours responsable de ses malheurs et des aléas de la vie, on est responsable de son bonheur, de le créer.
Maintenant, si on souhaite évoluer vers notre bonheur, la question n’est pas « pourquoi ça m’arrive ? » (focus sur l’extérieur, incontrôlable = victimisation) mais « qu’est-ce que je veux maintenant ? et comment je vais faire ? » (focus sur l’intérieur, transformable = responsabilisation) :
- Qu’est-ce qui dépend de moi et que je peux faire évoluer ? Je le sais peut être aujourd’hui, je le saurai peut-être dans un mois.
- Par quoi je peux commencer pour changer ma réalité ? ma vie ? ma façon de faire ?
- Quelle est l’étape la plus simple et réaliste par laquelle je peux commencer ?
- Comment je peux apprendre de cette transition et grandir ?
Il y a des changements à accepter, et des changements à créer. Et même si on vise un objectif concret, réaliste et qui dépend de soi, on ne sait jamais quel chemin nous y mènera.
L’humain a tout autant besoin de certitudes que d’incertitudes.
Notre besoin de certitudes permet de calmer les insécurités, les peurs.
Notre besoin d’incertitudes permet la surprise, la découverte, la variété.
Où est votre curseur permettant un nouvel équilibre, une nouvelle écologie ? Quels sont vos besoins ?
Je terminerai simplement en ajoutant :
« Faire toujours un peu plus la même chose, c’est obtenir toujours le même résultat. »
Alors, que voulez-vous (faire) ?
Bien à vous,
Nathalie
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